Voici un nouveau blogue, celui-ci vous permettra de découvrir tout en suivant mes aventures un coin reculé de notre pays, le Territoire du Nunavut et particulièrement sa capitale: Iqaluit.

dimanche 13 mai 2012

L'histoire abrégée d'une ville et de son économie...


Avant de devenir la capitale du Nunavut, en 2001, Iqaluit fût, à prime abord, une base militaire américaine. À l’époque on avait nommé l’endroit Frobisher Bay, d’après l’étendue d’eau aux abords de laquelle il était situé. La baie obtenue son nom en l’honneur de l’explorateur Sir Martin Frobisher qui le découvrit en 1576. Ce dernier, au cours de périples menés à partir de l’Angleterre, croyait avoir découvert un passage de l’Atlantique à l’océan Pacifique correspondant au légendaire Passage du Nord-Ouest vers l’Orient.

Ce n’est qu’en 1861 que Charles Francis Hall, un civil américain qui mena une expédition privée, corrigea la cartographie de la baie et de l’île de Baffin. Le territoire fût finalement cédé en 1880 par les Britanniques au gouvernement du Canada lors de son processus d’obtention d’indépendance. Par la suite, jusque dans les années 1930, c’est principalement pour des motifs scientifiques que des gens visitèrent l’arctique canadien. Par contre, en 1914, la Compagnie de la Baie d’Hudson ouvrit un poste de traite de fourrure  à Ward Inlet, à environ 65 km de Frobisher Bay. Ce territoire permit à la Compagnie de procéder à la chasse et à la traite de fourrure avec les Amérindiens et les Inuits du Nouveau-Monde, une activités commerciales très rentable, qui se poursuivit sur plusieurs siècles. 

Les postes de traites de la Compagnie de la Baie d'Hudson évoluèrent et devinent également des magasins de vente au détail, ou il était possible de se procurer divers produits, comme des biens alimentaires. Sur l’île de Baffin, la Compagnie déménagea ses opérations en 1949 à Apex Hill, afin de pouvoir profiter des installations et des modes de communications plus modernes de la base de l’armée de l’air américaine. De nombreux inuit furent également attirés vers la base militaire par la possibilité de faire de la traite ou de travailler, et ils y demeurèrent. Du coup, ceci marqua le début de la sédentarisation de ce peuple. 

En 1941, la Frobisher Bay Air Force Base fût créée par l’armée des États-Unis afin d’instaurer une série d’arrêts pour un terrain aérien liant l’Amérique au Royaume-Uni, nommée la « Crimson Route ».  Ces camps et aéroports de l’armée avaient comme objectif d’assurer une livraison sécuritaire de matériel militaire stratégique pour assister la Grande-Bretagne et les Alliés lors de la Seconde guerre mondiale. Cependant, la construction de la base fut achevée en 1943, et l’évolution rapide des technologies aéronautiques rendirent l’utilisation de ces camps superflue. La base fût vendue au gouvernement canadien l’année suivante. À partir de 1953,   différents départements du gouvernement canadien, dont la Gendarmerie Royale Du Canada,  s’installèrent à Frobisher Bay, assurant ainsi le développement et le bien-être des habitants autochtones. Puis, la construction de la ligne DEW entre 1955 et 1957 augmente de beaucoup la population de la communauté, qui atteint à ce moment 1200 habitants, dont 489 Inuit. La « Ligne avancée d’alerte précoce », était en fait un réseau de 58 stations (dont Frobisher Bay) munies de radar et localisées de façon linéaire à travers l’arctique, de l’Alaska jusqu’en Islande, en passant par le Canada et le Groenland. Cette ligne, construite par une collaboration canado-américaine, fût destinée à détecter toute intrusion par les Soviétiques sur le continent nord-américain pendant la Guerre Froide. Les stations furent finalement abandonnées, et les forces américaines se retirèrent complètement du territoire en 1963, alors que la colonie jouissait toujours d’une expansion saisissante.


Dans les années 1940 et 1950, trois quartiers furent formés pour constituer l’agglomération d’Iqaluit : Main Base, qui correspondait à la périphérie exploitée par les non-inuit (l'armée), Ikaluit, où demeuraient la population esquimaude et Apex Hill, maintenant Apex, un quartier dont la population était mixte.

Depuis, la communauté s’est grandement urbanisée, bien que quelques traces de sa naissance et de son évolution soient encore bien visibles dans la ville et les environs.


Apex aujourd'hui, gentiment appelé la banlieue d'Iqaluit....

Suite à l’arrivée des soldats américains en 1942, le premier camp inuk permanent fût établi sur la rive de la Baie de Frobisher, où se trouve l’actuel cimetière d’Iqaluit (donc directement à coté de la maison ou je vie présentement - retournez à mon premier poste 2ième photo, vous allez voir les petites croix blanches et la baie!). Cette section était autrefois interdite d’accès aux militaires, alors qu’une grande fraternisation avec eux était prohibée. Dans les années 1950, avant la construction des résidences sédentaires, les Inuit campaient généralement dans des tentes l’été et dans des igloos en hiver, alors que certaines familles c'était installer de façon plus permanente avec des maisons construites des matériaux trouvés ici et là (bois, os de baleine, etc.).  L’ancien quartier Ikaluit devint rapidement un coin résidentiel, bien que le cimetière ne fût jamais déplacé. Du moins jusqu’à ce jour.

Puis venu un temps ou le gouvernement devait se facilité la tâche administrativement et avoir un meilleur contrôle sur sa population, il se dotait donc de différant moyens pour sédentariser celle-ci. Détruisant les résidences et habitations des inuits et les forcèrent à se conformer à ce type d'hébergement. Ceci marqua le début d'une crisse identitaire d'un peuple, perte de confiance, perte de repère culturelle et sociale.... Séquelles qui se fait malheureusement encore sentir aujourd'hui!


**Un très grand merci à Fannie Brouillette de m'avoir autorisé à l'utiliser ses données et ses textes!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire